C’est l’histoire d’une femme cinquantenaire, Millie – Michelle Fairley – qui trouve et l’amour et la vie, en profitant de la faiblesse d’un homme, Phil, né en 1965, victime d’un AVC qui lui fait perdre temporairement la mémoire. Phil – Bouli Lanners – et Millie – Michelle Fairley – vivent dans l’île de Lewis, au nord-ouest de l’Ecosse, et le réalisateur (et acteur principal de ce film) et son directeur de la photographie Franck Van Den Eeden nous offrent de somptueux paysages. C’est aussi l’histoire d’un homme qui perd la mémoire et auquel on fait croire ce qu’on a envie de lui faire croire. On lui réinvente son passé. Il en a fait table rase, comme le paysage de landes rasé par les vents, il peut inscrire sur ce tableau vierge les histoires qu’il veut bien entendre. Sauf que l’amour s’en mêle.
Une histoire bordée par l’austérité de l’Eglise presbytérienne d’Ecosse, où il n’est question que de rigueur de vie, de culpabilité, et de sacrifice. Une religion où le pouvoir de l’homme éteint la présence féminine. Il y a un rapport au religieux, à la honte, à la culpabilité. Face à la religion du sacrifice, il y a l’amour qui fait naître et vivre. La religion de l’Eglise presbytérienne , austère, avec pour les dames un chapeau sur la tête, entrave le bonheur. Millie, malgré la mort de Phil, devient vivante, riche de l’amour de Phil assumé et avoué. Dans l’accompagnement de la mort, Millie renoue Phil à la vie à travers son amour pour lui. Et lui le reçoit, il reçoit le mensonge et la supercherie mais laisse l’amour le grandir. Le mensonge de l’amour vaut mieux que la vérité de la vie soumise au dogme de la religion et de ses principes mortifères. Dans l’amour Phil et Millie sont libres ; dans la communauté, ils sont coincés dans leur mensonge. La dernière image de Millie est une Millie qui laisse ses cheveux libres, dans le vent de l’île.
Les plans du directeur de la photographie sont vastes et prennent possession de cette île de Lewis, avec les nombreuses prises de vues, dans la voiture et nous transportent sur ces routes où l’homme et les habitations se font rare, face à la domination du vent, de la mer, de la tourbe, la rudesse agricole.
La bande originale est exceptionnelle.
Choix de Bouli Lanners sur France inter : (1984) A pair of brown eyes / The Pogues ; (1989) Insane the brain / Cypress Hill ; (2005) He’s simple, he’s dumb, he’s the pilot / Granddaddy ; (2011) Waitin around to die / Townes Van Zandt ; (2020) New Romeo agents / Tropical fuck storm ;
Dans le film, musique originale du film par Pascal Humbert qui a fait la bande originale de Les premiers, les derniers (2016)
Les musiques du film : Wise blood / Soulsavers ; le groupe local Spanish ; Sheets / Damien Jurado ; Nobody has to know / Spain.
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