Lucas Bielli, psychanalyste à Montpellier et Guylène Dubois, psychanalyste à Sète animent la chronique hebdomadaire Radio divan, pour une psychanalyse populaire. Deux voix pour explorer un sujet psy.

Pour écouter l’émission sur FM-PLUS. Et sur Youtube.

Extr. de l’émission : Libre association par Guylène Dubois.

La libre association en psychanalyse

 Parler à son psychanalyste en associant librement les pensées qui arrivent est une des règles fondamentales du processus thérapeutique de la psychanalyse, au même titre que l’écoute flottante du côté de l’analyste. La libre association permet d’explorer l’inconscient, ou ce qui peut en être explorer. Ce procédé a permis d’abandonner la technique de l’hypnose. En effet, pour S. Freud l’hypnose ne détruit pas les résistances, ne fournit que des renseignements partiels avec des succès provisoires. Et ce sont ses patientes hystériques des années 1895 qui lui ont intimé l’ordre de se taire et de les laisser parler, sans qu’il n’arrête le flot des paroles déversées ainsi. 

La libre association consiste pour le patient à exprimer oralement ses pensées à partir d’un mot inducteur, ou à partir de l’élément d’un rêve. Associer à ce premier élément toutes pensées qui lui arrivent, sans chercher à les censurer. Sans chercher à les retenir, par honte ou pudeur ou préjugé. Dire librement ce qui passe par la tête. En flot continu. sans chercher à raisonner les pensées, à les organiser. Cela semble simple et facile à mettre. Mais, dire tout haut ce qu’on pense tout bas n’est pas si spontané et cette difficulté à formuler ses pensées, à verbaliser ses émotions explique parfois les longs silences auxquels le psychanalyste et l’analysant doivent faire face. Et pourtant…. Pourtant, ce qui est dit ainsi, – que l’analysant soit face au psy ou allongé – va constituer le matériel d’élaboration lors des séances successives. Et c’est parce que les propos ne sont pas maîtrisés, que les défenses de protection et de résistance vont s’abaisser et permettre d’accéder aux nœuds névrotiques. Ce sont ces chaînes associatives qui vont intéresser l’analyste. 

Ce à quoi l’analyste va être attentif, ce sont les choix des associations, les liens entre les récits, les idées, les informations, les émotions décrites, les scènes rapportées. L’analyste s’attache à ces liens, qui peuvent être d’ordre symbolique, émotionnel, ou encore langagier. Ces liens entre les associations n’ont rien de fortuit ou hasardeux. Ces liens sont une brèche vers le refoulé, ce qui justement ne peut pas être énoncé de façon raisonnée ou cohérente. De son côté, l’analyste, par son écoute dit flottante, moins attaché à ce qui est dit qu’à la façon dont s’est dit, met à jour, le fil rouge qui tisse les propos et leur donne un sens souvent inattendu et éclairant.La libre association présente les caractéristiques du rêve dans la mesure où le contrôle est écarté. Il en va de même, lors des lapsus verbaux ou écrits, ou encore les actes manqués qui sont un passage direct vers le refoulé. Et c’est justement ce refoulé qui intéresse l’analyste pour qu’il puisse accompagner l’analysant vers un mieux être, vers une compréhension de sa vie. Jacques Lacan, dit à propos de cette règle fondamentale que c’est une parole pleine, pénible parce-que susceptible d’être vraie.