Lucas Bielli, psychanalyste à Montpellier et Guylène Dubois, psychanalyste à Sète animent la chronique hebdomadaire Radio divan, pour une psychanalyse populaire. Deux voix pour explorer un sujet psy.

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Extr. de l’émission : Melanie Klein par Guylène Dubois

Melanie Klein

Melanie Klein est une psychanalyste anglaise de renommée internationale née en 1882 morte en 1960. Elle invente la psychanalyse d’enfants. On a accès à l’œuvre de Melanie Klein grâce à sa commentatrice Hanna Segal. C’est en 1932 que Melanie Klein publie son livre sur la Psychanalyse des enfants dans lequel elle expose sa conception de l’évolution psychique du nourrisson. Elle a donné le nom à une école, le kleinisme qui a modifié la doctrine et la clinique freudiennes, avec des concepts nouveaux avec une pratique originale de la cure. Le kleinisme fait partie du freudisme.

Elle a d’abord intégré le traitement des psychoses dans ses cures, notamment les troubles de la personnalité, les états-limites, les schizophrénies. Elle a donc intégré la notion de folie dans sa pratique analytique. 

Elle a questionné, grâce à sa clinique auprès des enfants – ce que ne pratiquait pas Freud – la place du père, le complexe d’Oedipe, la relation avec la mère dès les premiers mois du nourrisson. Elle a repéré des stades de ce développement psychique appelés position dépressive et celle dite paranoïde-schizoïde. 

Enfin, le cadre de la cure est très différent de celui des freudiens notamment sur la question du transfert. 

Le kleinisme est en expansion dans les pays latino-américains, Brésil et Argentine. 

Les notions de position dépressive et paranoïde-schizoïde sont probablement des notions qui sont les plus difficiles à concevoir car elles vont à l’encontre de l’image du nourrisson aimant et en admiration de sa mère. 

Melanie Klein théorise en 1934 qu’au 4ème mois de sa vie, si le nourrisson ne perçoit pas sa mère comme une personne pouvant parfois satisfaire ses désirs, et parfois ne pas répondre à ses demandes, il peut évoluer vers la psychose, de type paranoïa ou dépression. S’il parvient à la considérer ainsi, parfois bonne, parfois mauvaise, il surmonte cet état de destruction psychique interne. 8 ans après, en 1942, elle invente le concept d’identification projective qui consiste pour le nourrisson à introduire psychiquement sa propre personne dans le psychisme de sa mère pour lui nuire. 

Avec l’introduction de ces deux notions, Melanie Klein apporte à la notion d’évolution biologique de l’humain une notion de système de construction de l’identité avec les mécanismes d’identification, de projection déjà à l’œuvre chez le bébé. 

Elle révèle ainsi que l’enfant, le bébé a des fantasmes sadiques, est traversé par la pulsion de mort  et souffre d’angoisses. Pour Melanie Klein, la mère est déterminante dans sa relation avec l’enfant, dans sa capacité à accueillir les angoisses et les agressivités de son bébé. 

C’est lors de l’émission sur Freud était-il antiféministe ? que nous avons évoqué Melanie Klein. Pour Freud, la sexualité de la fille s’organise autour du phallicisme, la fille veut être garçon et il prônait une non différenciation inconsciente des deux sexes sous la catégorie d’un seul, le phallus. Cette thèse fut contestée dès 1920 par Melanie Klein qui a apporté tout le matériel clinique de la relation archaïque à la mère. Cette analyste femme, a aussi saisi toute la réalité concrète de la sexualité féminine et la genèse de la féminité et a permis à S. Freud de constater en 1933 son incompréhension de la femme “si on ne prend pas en considération la phase de l’attachement préoedipien à la mère” qui va déterminer la relation au père, fondamental pour Freud.

Guylène Dubois