Lucas Bielli, psychanalyste à Montpellier et Guylène Dubois, psychanalyste à Sète animent la chronique hebdomadaire Radio divan, pour une psychanalyse populaire. Deux voix pour explorer un sujet psy.

Pour écouter l’émission sur FM-PLUS. Et sur Youtube.

Extr. de l’émission : la colère

La colère

1/ contexte.

Parlons de la colère.

 Achille, le héros de la guerre de Troie, était connu pour sa colère explosive et sa soif de vengeance. Sa colère a été déclenchée par l’insulte faite à son honneur par Agamemnon, et elle a finalement causé sa propre mort au combat.

 Phèdre, le personnage principal de la tragédie de Racine, est consumée par sa passion et sa colère envers son beau-fils Hippolyte, qu’elle aime secrètement. Sa colère et sa jalousie finissent par causer sa perte.

 Lear, le roi dans la pièce de Shakespeare, est pris de colère lorsque ses filles refusent de répondre à sa question sur qui elles aiment le plus, et il finit par perdre tout pouvoir et toute raison.

La colère peut souvent être destructrice et causer des problèmes pour celui qui la ressent et pour ceux qui l’entourent. Selon la philosophie, la colère est souvent considérée comme une émotion négative qui peut nuire à la santé mentale et physique et perturber les relations interpersonnelles. La psychanalyse, quant à elle, considère que la colère peut être le résultat de conflits internes non résolus ou de blessures émotionnelles non guéries.

Dans les exemples que j’ai mentionnés, la colère des personnages a effectivement conduit à leur perte. Par exemple, dans l’Iliade, la colère d’Achille lui a fait perdre la raison et l’a finalement conduit à sa mort au combat. Dans la tragédie de Racine, la colère de Phèdre a causé sa perte en raison de sa jalousie et de sa passion dévorantes. Dans la pièce de Shakespeare, la colère de Lear l’a poussé à perdre tout pouvoir et toute raison.

Il est important de noter que la colère peut être une émotion normale et naturelle, mais il est important de savoir la gérer de manière saine afin de ne pas causer de problèmes pour soi-même et pour les autres.

2/ psychanalyse.

Selon la psychanalyse freudienne, la colère est une émotion primaire qui peut être déclenchée par une frustration ou une injustice perçues. Freud considérait que la colère pouvait être le résultat de conflits internes non résolus, tels que le conflit entre le moi et le surmoi.

Freud a également soutenu que la colère pouvait être utilisée de manière constructive pour aider à résoudre des conflits et à atteindre des objectifs. Cependant, il a également souligné que la colère pouvait être destructrice si elle n’est pas gérée de manière adéquate et peut entraîner des problèmes tels que la violence, la haine et la vengeance.

En fin de compte, Freud a soutenu que la colère était une émotion complexe qui pouvait avoir des conséquences positives ou négatives selon la manière dont elle est gérée. Il a souligné l’importance de comprendre les causes profondes de la colère et de trouver des moyens sains de l’exprimer et de la gérer.

Mélanie Klein, psychanalyste et écrivaine autrichienne connue pour sa théorie de la colère et de l’agression et pour ses contributions à la psychanalyse infantile a consacré une grande partie de sa carrière à l’étude de la colère et de ses effets sur la psyché humaine. Elle a développé une théorie de la colère appelée la « théorie de l’agression », selon laquelle la colère est un mécanisme de défense utilisé pour protéger le moi contre les menaces perçues. Selon Klein, la colère peut être utilisée de manière constructive pour aider à résoudre des conflits et à atteindre des objectifs, mais elle peut également être destructrice si elle n’est pas gérée de manière adéquate.

En fin de compte, de nombreux psychanalystes ont étudié la colère en tant qu’émotion complexe et ont exploré ses causes et ses conséquences sur la psyché humaine.

Pour finir , je citerai le philosophe Platon : « La colère est une émotion qui peut nous aveugler et nous empêcher de voir clairement. C’est en la maîtrisant que nous pouvons avoir un esprit clair et faire les bons choix. »