On a coutume de dire que le paiement d’une séance chez un psychanalyste se fait exclusivement en espèces. Aujourd’hui, cette modalité a tendance à s’assouplir, même s’il reste des fervents du paiement en billets rouge, bleu ou orange. Avec les difficultés de maintenir les séances en cabinet et la proposition d’analystes pour des séances en visio ou par téléphone, le paiement par carte bancaire s’est avéré nettement plus pratique et s’est tranquillement installé en 2020-2021. Il faut bien continuer à se soigner. Le moyen de paiement du patient est objet d’analyse, comme tout acte du quotidien, toute pensée, toute émotion. Le fait de payer en carte bleue transforme le geste de payer en geste “indolore”, un geste furtif et quasi invisible, sauf par une lecture du relevé de banque. Le but de l’analyse étant justement de nous rendre conscient de tous nos faits et gestes, le paiement par CB rend anodin le fait de payer son analyste. Or, palper les billets, les sortir de son porte monnaie après les avoir retirés d’un distributeur automatique implique de la part du patient une démarche. Et ce sont les émotions, les souvenirs liés à cette démarche qui peuvent servir de révélateur de son propre fonctionnement. En analyse, tout fait ventre et notre rapport à l’argent n’est pas le moindre élément de ce tout. Les séances chez un psychanalyste ne sont pas remboursées par la sécurité sociale. Certaines mutuelles proposent des forfaits de psychothérapie.

Quand payer sa séance ?

Lorsque l’on consulte un médecin, on paye la consultation après avoir été ausculté. Quand on va au restaurant, on paye après avoir mangé. Quand on va au cinéma, au théâtre on paye avant le spectacle. Qu’en-est-il lorsqu’on se rend chez un psychanalyste. Sachez que vous allez rencontrer les deux modes de fonctionnement dans ce métier. Ceux qui instituent le paiement avant la séance justifient ce fonctionnement en disant qu’ainsi la séance se déroule libérée de ce souci d’argent. Cette question ne vient plus encombrer l’inconscient de l’analysant, qui devient réellement disponible pour des préoccupations non liées au paiement de sa séance. Les partisans du paiement après le déroulé de la séance considèrent que la question du paiement de la séance est un motif suffisant pour occuper une ou plusieurs séances de travail. Et considèrent aussi qu’il est plus légitime de payer une fois la séance “consommée”. Par ailleurs, les consultations à distance qui se sont multipliées en raison de la crise sanitaire ont privilégié le paiement avant la séance, et par carte bancaire ou par virement. Une fois encore, nous pouvons constater que la pratique du cadre psychanalytique n’est pas figée de toutes parts, et que le dialogue et l’adaptation aux situations règnent. La loi et le cadre analytiques doivent servir à la thérapie du patient et ne pas se contenter de protéger une pratique de la cure mise au point par Sigmund Freud, au début du 20ème siècle.