Lucas Bielli, psychanalyste à Montpellier et Guylène Dubois, psychanalyste à Sète animent la chronique hebdomadaire Radio divan, pour une psychanalyse populaire. Deux voix pour explorer un sujet psy.
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Extr. de l’émission : le transfert.
La notion de transfert
La notion de transfert reste un des concepts fondamentaux de la psychanalyse. Le transfert, dans le langage courant, c’est un déplacement. Un transfert de populations par-exemple. Dans le contexte juridique, le transfert signifie le déplacement d’un bien d’une personne à une autre personne, c’est une cession, une redistribution. C’est peut-être dans ce second contexte que l’on peut s’approcher de la définition en psychanalyse.
Le transfert en psychanalyse
Le transfert, en psychanalyse, est le processus par lequel le sujet au cours de la cure analytique ressent pour son analyste des sentiments qu’il a déjà éprouvés dans son enfance. Le transfert apparaît comme le moteur de la cure. C’est le transfert qui va mettre en mouvement la relation analytique. Et puis, le transfert se présente comme un échange qui dépasse la conversation ordinaire. Cet échange devient un partage de la part de l’analysant vers l’analyste. Partage du refoulé par l’intermédiaire du contenu latent de ses rêves, de la narration de ses souvenirs, de scènes vécues ; partage des émotions ressenties par le patient auquel l’analyste se connecte au plus près.
Plaisir de l’analyste
Plaisir de l’analyste qui reçoit « en cadeau » ce lâcher-prise. Ainsi, de séances en séances, le conflit, à l’origine de la cure, peut aboutir au plaisir de sa résolution. Victoire partagée entre l’analyste, qui constate l’aboutissement positif du travail analytique et l’analysant qui se réalise au travers de cette alliance thérapeutique. Ainsi, lorsque nous décidons « d’aller voir » un psy, il est important de ressentir de la bienveillance de la part du professionnel, de ressentir que l’écoute est possible, que l’accompagnement est possible.
Le cadre de la relation thérapeutique
Être en analyse, c’est être à l’écoute de ce qui est bon pour soi. Et le ressenti de ce bien-être implique tout ce qui se passe hors de la sphère du langage ou à côté ou en même temps que l’expression langagière. Le transfert, c’est au fond, ce qui se passe entre deux personnes, et que nous avons du mal à identifier, à qualifier. On perçoit juste : que oui, le courant passe. Je terminerai en disant que le transfert, dans le contexte d’une cure analytique, pose un cadre de la relation qui n’existe nulle part ailleurs, un cadre qui protège les deux personnes concernées par la cure, le professionnel et le patient. Un cadre qui impose le secret de la parole, mais aussi l’accueil par le professionnel de ce qui se dit sans que lui-même n’interfère en avançant sa vie privée.
Guylène Dubois, 6 décembre 2022.