Nous n’sommes pas racistes pour deux sous Mais on veut pas de ça chez nous Lily, Pierre Perret.

Le contexte

Pierre Perret, chanteur comique né en 1934 sort cette chanson sur le thème du racisme en 1977, dans un contexte de chômage massif.  Lily incarne l’étrangère de Somalie qui subit le racisme ordinaire, en France puis aux Etats-unis. Pierre Perret reçoit le Prix 1978 de la Paix de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme.

Analyse

Les biologistes, les anthropologues s’accordent à dire que la notion de race n’existe pas, que c’est une construction sociale.  Et pourtant, il  reste un outil critique pour remédier aux différentes discriminations. Selon le deuxième baromètre du Conseil représentatif des associations noires (Cran), 91% des répondants se disent en 2023 victimes de discrimination racial, parce-qu’ils sont noirs ou métisses.  

Dans un livre paru en 2021 aux éditions La Découverte, intitulé  La vie psychique du racisme et son tome 1. L’empire du démenti,  Livio Boni et Sophie Mendelsohn se sont intéressés aux ressorts psychiques du racisme en partant à la recherche  des traces d’une vie psychique collective héritière d’une histoire tributaire des grands partages coloniaux. Ils s’appuient sur les écrits de Frantz Fanon (1925-1961) et Octave Mannoni (1899-1989). Octave Mannoni identifie deux complexes,  le « complexe d’infériorité » du colonisateur et le « complexe de dépendance » du colonisé qui viennent se nouer pour maintenir cette situation. Jacques-Alain Miller, psychanalyste né en 1944, éditeur des séminaires de Jacques Lacan, énonce en 1986 que LE RACISME, C’EST LA HAINE DE LA JOUISSANCE DE L’AUTRE. Le racisme en psychanalyse lacanienne serait une guerre des jouissances. Cette phrase signifie que haïr collectivement un groupe, être raciste envers un groupe, c’est placer son angoisse, source de danger pour soi dans un autre collectif, un autre collectif qui ne doit pas être là, qui gêne mon épanouissement. Attribuer une jouissance à une « masse de corps » est une forme de racisme. Mais écrit Hélène L’Heuillet “on pense à tort qu’il suffirait de faire renoncer les radicalisés à leurs croyances… Mais les sujets sont aussi habités par la haine d’eux-mêmes. et cette haine de soi est ravageuse. Si la haine de soi grandit, la voie vers la destruction de soi et des autres est ouverte, et le passage  à l’acte raciste est ouvert.  il y a un refus de l’altérité.

Conclusion

Sur le divan de l’analyste est accueillie et respectée la singularité irréductible, psychique et sociale. (Thamy Ayouch, Collectif de Pantin). Mais, écrit Thamy Ayouch du Collectif de Pantin,  la psychanalyse est fondamentalement politique. Le sujet de l’inconscient s’inscrit dans les configurations de pouvoir d’espace social.  Le racisme, ce sentiment subjectif et à l’origine de mouvements collectifs a donc des dimensions sociales et politiques que le psychanalyste ne peut négliger, tout en sachant que sur son divan, il reçoit une personne qui demande à mieux vivre et donc de s’aimer soi-même.

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