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Article paru dans la revue Psy Chic, dirigée par Monsieur Armand Darsel, co-directeur de l‘Institut freudien de psychanalyse de Montpellier.

Le processus du transfert.

Eric Ruffiat, dans son Nouveau dictionnaire de la culture Psy, définit le transfert comme un processus par lequel le sujet au cours de la cure analytique, projette sur son analyste et ressent pour lui des sentiments qu’il a déjà éprouvés dans son enfance. Le transfert apparaît comme le moteur de la cure. Il met en mouvement la relation analytique et se présente comme un mode d’inter-locution qui dépasse la conversation ordinaire. Ainsi, cette inter-locution devient un partage de la part de l’analysant vers l’analyste. Partage du refoulé par l’intermédiaire du contenu latent de ses rêves, de la narration de ses souvenirs, de scènes vécues.

Analyste et analysant connectés

Partage des émotions ressenties par le patient auquel l’analyste se connecte au plus près, pour que les outils lexicaux ne soient pas des remparts qui ralentissent l’accès à l’affect. Un partage, où le plaisir peut s’immiscer dans cette contrainte de l’association libre. Plaisir de l’analyste qui reçoit « en cadeau » ce lâcher-prise.

En 1923, S. Freud dans Psychanalyse et théorie de la libido énonce que le transfert est un terrain sur lequel une victoire doit être remportée. De séances en séances, le conflit, à l’origine de la cure, peut ainsi aboutir au plaisir de sa résolution. Victoire partagée entre l’analyste, qui constate l’aboutissement positif du travail analytique et l’analysant qui se réalise au travers de l’alliance thérapeutique. Plaisir de l’analyste, perçu par l’analysant comme celui qui est supposé savoir, ou encore « celui qui sait tout en renvoyant chacun à son propre savoir » écrivait Françoise Dolto, que Gérard Guillerault présente comme une sorte de manifestation vivante, une véritable incarnation du transfert 1. Sans compter qu’Il y a des analystes en effet que les manifestations de transfert font véritablement roucouler d’enflure narcissique, pour l’hommage qui leur serait ainsi prétendument rendu.2 

L’amour de transfert

Enfin, l’amour de transfert dit bien le plaisir qui peut être éprouvé lors ce processus, un plaisir sensuel, érotique que le psychanalyste doit savoir entendre, et recadrer. Dans Dictionnaire de la psychanalyse (Pochothèque, p. 1612) Elisabeth Roudinesco écrit : « Tel est bien le transfert : il est fait de la même étoffe que l’amour ordinaire, mais il est artifice puisqu’il se porte inconsciemment vers un objet qui en reflète un autre : Alcibiade croit désirer Socrate alors qu’il désire Agathon ».

Plaisir et partage sont massivement présents dans le processus du transfert, même si la notion de contre-transfert en donne une nouvelle dimension, c’est là le partage inconscient, celui des abstractions et des forces qui mènent la cure, dialogue silencieux mais incessant des psychés que l’analyse a « par le plus grandes hasards » réunies…

Guylène Dubois, pour la revue Psy Chic.

1Françoise Dolto et le transfert, in Au sujet du transfert / Gérard Guillerault. 2008 – p. 27-42.

2Idem.