Anéantissement de la liberté d’expression
La mort de Mahsa Amini, 22 ans, le 16 septembre 2022 à Téhéran (Iran) me renvoie à la mort en France de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine. Décapité le 16 octobre 2020. En 2020, il s’agissait de la liberté d’expression anéantie. En 2022, ce sont des femmes qui enlèvent leurs voiles, les déchirent et les brûlent. La parole et les corps sont exterminés, réduits à néant dans les deux cas.
La théologie pour penser la société
Le 4 octobre dernier, le professeur d’éthique et de philosophie, Olivier Abel donnait la leçon d’ouverture à l’Institut protestant de théologie à Montpellier. Il revendique la place à donner à la théologie pour penser la société, disant aussi que les religions sont des volcans fusionnels et dangereux, mais que sans eux l’amour et la religion produisent une société à l’individualisme autoritaire. Vivre avec ou vivre sans la religion ?
Passer la religion au crible de la psychanalyse
La psychanalyse est une voie qui mène à la compréhension de ces monstruosités mortelles et tente de repositionner le je qui s’insère dans un nous despotique. Un je qui prend sa parole sans en faire un diktat et une autorité toute puissante. Passer la religion au crible de la psychanalyse, c’est ôter les hijab, khimar, burqa, abaya, thune. Mais aussi, soutanes, bure, coule…Les ôter et choisir de les remettre, si le désir est toujours là. Si l’appel spirituel, théologique, religieux ne provoque pas intolérance et violence, mais bien plutôt respect de soi et de l’autre. Bien sûr, la psychanalyse est inopérante sur la folie et la conviction fanatiques. Mais, il y a des individus qui avant d’en arriver à ce stade psychotique restent perméables à une démarche analytique, une démarche de remise en question et redirection vers un nouveau chemin de joie et non de terreur.
Des analystes pour entendre les certitudes
Oui, il faut de la théologie pour penser la société, comme dit O. Abel, et il faut des analystes qui donnent de leur temps pour entendre et écouter les paroles des gens victimes de conditions économiques et politiques dévalorisantes et déshumanisantes, ces conditions qui les ont menés vers des fausses certitudes aveuglantes. La connaissance, le savoir, l’envers de l’ignorance, n’évitent pas la ruée vers l’or du fanatisme. Celui-ci ne s’atteint pas par le raisonnement, la réflexion, mais se loge dans l’émotion. L’émotion à fleur de peau, la fragilité de l’être participent à ces engagements entiers et manipulés, animés par un désir non identifié. Les enjeux de la psychanalyse sont bien là : approcher autant que faire se peut les contours et les particularités singulières de ce désir.
Le divan c’est toi – 5 octobre 2022
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