Lucas Bielli, psychanalyste à Montpellier et Guylène Dubois, psychanalyste à Sète animent la chronique hebdomadaire Radio divan, pour une psychanalyse populaire. Deux voix pour explorer un sujet psy.

Pour écouter l’émission sur FM-PLUS. Et sur Youtube.

Bande annonce du film La Vague / réalisé par Dennis Gansel. https://www.youtube.com/watch?v=xYF232vStQ4

Durée 3 mn, soit 510 mots (170 mots par minute)

L’accroche 30” Extrait de la chanson sur Youtube 

Alors, qu’est-ce qui se dit là ? 

Le contexte de l’introduction musicale

La Vague est un film allemand réalisé par Dennis Gansel et sorti en 2008 inspiré de l’expérience La Troisième Vague mais aussi du livre La Vague écrit dans les années 1980 par Todd Strasser. La Vague raconte l’expérience faite par un professeur auprès d’adolescents. Il s’agit pour ce professeur de démontrer dans un atelier d’une semaine comment se met en place l’autocratie dans un groupe. Certes, ce film traite du fonctionnement d’un groupe, d’une communauté qui se rallie à une même idée, et comment se développe la violence dans le groupe et vis à vis de l’extérieur du groupe, mais il m’intéresse de voir comment cette autorité leader fonctionne particulièrement sur un public adolescent. 

.

L’adolescence

D’un point de vue psychanalytique, l’adolescence suit la période de latence. L’enfant est sorti de ses pulsions oedipiennes, et sublime ses pulsions. Pendant cette période de latence, globalement située entre 7 et 11 ans, l’enfant est disponible pour découvrir le monde extérieur à celui de sa famille, disponible aux connaissances scolaires à intégrer, aux activités créatrices qu’il est en mesure de choisir, qui lui conviennent.  A l’issue de cette période, l’enfant devenu adolescent est alors de nouveau submergé par des pulsions libidinales, proches des sensations pré-oedipiennes. Mais, entre temps, ont été intégrées les notions de sur-moi et des interdits pulsionnels, notamment l’interdit de l’inceste prohibé par l’autorité parentale et lui-même. Toutefois, les pulsions sexuelles sont bien là, liées au développement biologique, hormonal. Cette période adolescente est donc le temps d’un investissement libidinal qui se concrétise par les premiers flirts et la découverte des émois et expériences sexuels. 

Devenir adolescent, c’est aussi faire le deuil de l’enfance. Un deuil dans lequel on peut retrouver les 5 phases du deuil d’un être aimé : le déni (je veux encore vivre en tant qu’enfant auprès de mes parents), la colère, la dépression, le marchandage et l’acceptation de sa nouvelle condition. Cette période fragile sera d’autant mieux vécu que son parallèle durant la petite enfance l’aura été. Notamment que les deuils successifs comme celui  de la mère en tant que personne différente, le deuil du sein, le deuil du parent de sexe opposé auront été vécus sans trop de dommages psychiques. La phase de deuil de l’acceptation peut-être particulièrement difficile à vivre pour lui en raison de sa personnalité adolescente n’est pas achevée. C’est une période de transition, de passage où la quête d’une nouvelle identité est majeure dans son développement. 

Conclusion

Dans le film La Vague évoqué en introduction que l’on pourrait associer en antagonisme au film culte réalisé en 1989 par Peter Weir Le Cercle des poètes disparus, les adolescents sont présentés comme malléables, sensibles une autorité professorale respectée, sinon adulée (c’est les cas des deux professeurs dans les deux films). Cette personne d’autorité est une autorité qui transgresse le modèle parental et s’offre à eux comme chemin d’émancipation. Leur personnalité n’étant pas complètement structurée, les idées sont amenées sont prises sans distance. Dans cette situation, les adolescents qui ont un espace de dialogue et d’accueil des tensions vécues, savent ne pas suivre le groupe. Les adolescents, seuls ou déconsidérés ailleurs que dans cette communauté qui naît, sont fragilisés. Les deux aventures communautaires se soldent par la mort d’un adolescent.